Post paru sur Facebook Page Cynopolis qui m'a paru très intéressant en comportement.
Le léchage fait partie de l’éthogramme de tous les chiens. Parfois agaçant, parfois attendrissant, il revêt mille significations en fonction du contexte dans lequel il est utilisé. En voici quelques-unes, mais attention, la liste est loin d’être exhaustive !
Exprimer son affection :
Un chien peut lécher un humain ou un congénère qu’il apprécie. Il lèchera alors principalement au niveau du visage.
Exprimer son respect envers un individu :
Un chien qui lèche un individu canin ou humain au niveau du visage également, et de la bouche principalement, cherche parfois à lui exprimer son respect. Les chiots et les jeunes chiens présentent souvent ce comportement envers les adultes. Le langage corporel qui l’accompagne laisse peu de place au doute : le chien qui lèche place tout son corps en position basse par rapport à l’autre individu, oreilles plaquées en arrière, croupe abaissée, queue qui bat amplement. Les chiens adultes ayant connu un autre individu canin étant jeunes continuent souvent de présenter ce comportement avec lui, même des années plus tard.
Apaiser un congénère :
Après un conflit par exemple, un chien peut lécher un congénère pour apaiser une situation tendue. Je l’ai observé encore hier entre mes chiens Farouk et Sirius, qui se sont chamaillés pour une raison que j’ai déjà oubliée. Cette situation n’a été agréable ni pour l’un, ni pour l’autre, et Sirius a léché les babines de Farouk en signe d’apaisement à la fin du conflit.
S’apaiser soi-même :
Il arrive qu’un chien anxieux lèche une surface ou son propre corps (souvent les pattes avant, parfois le flanc). Il s’agit d’un comportement d’auto-apaisement, semblable à l’onychophagie où la dermatophagie chez l’humain. Si ce comportement est récurrent chez un chien, il faut s’en inquiéter et essayer d’en trouver la cause, car il signale un mal-être.
Apaiser une douleur :
Un chien peut lécher le sol ou une autre surface s’il a mal au ventre.
Une forme de « harcèlement » :
Certains chiens qui cherchent à tout prix l’interaction avec des congénères, peuvent leur lécher les babines avec acharnement, jusqu’à ce qu’ils réagissent (parfois mal, ce qui est parfaitement compréhensible !). Il s’agit d’une forme de « harcèlement » qu’il faut interrompre si elle perdure, car la situation peut finir par dégénérer. Mon American Staff Diana pratiquait beaucoup ce « harcèlement » lorsqu’elle était jeune, et cela lui a valu pas mal de coups de crocs en retour (je ne me rendais pas compte à l’époque que ce n’était pas un comportement acceptable). J’ai observé cela plusieurs fois chez des Staffs et Staffies, pas toujours capables de déceler les limites du jeu et de prendre en compte les signaux des autres. Mais tout chien peut employer le léchage comme forme de « harcèlement ».
Une morsure contenue :
Un chien mal à l’aise (par exemple à cause d’un contact désagréable ou douloureux), peut lécher intensément les mains de la personne qui le manipule. Cette forme de léchage indique que le chien se retient de mordre, il ne souhaite pas passer à l’action mais il est tout de même nécessaire de stopper la manipulation si l’on ne souhaite pas se retrouver avec un doigt en moins (et mettre encore plus mal à l’aise ce toutou quand même bien sympa).
La faim :
Farouk, mon Amstaff, cherche à me lécher le visage lorsqu’il a faim. J’évite de me pencher vers lui dans ces moments-là, mais parfois, il y a des ratés !
« Goûter » quelque chose :
Un chien peut tout simplement lécher une personne parce le goût de sa transpiration ou de sa crème pour le corps lui plaît… Les mâles entiers ont tendance à lécher l’urine des autres chiens dans la rue (femelles et mâles castrés très probablement, je suis bien incapable de le vérifier !), et à « mâchonner » ensuite dans le vide. Ils détectent et analysent ainsi les phéromones grâce à leur organe voméronasal, situé au niveau du palais.
Flirter :
Un chien qui flirte présente souvent une posture caractéristique. Il se tient très droit, les oreilles relevées très haut (chez les chiens lupoïdes, elles semblent presque se toucher) la queue droite, le torse bombé. Il pose sa tête sur l’épaule du chien sur lequel il a jeté son dévolu ou lui donne des petits coups de nez, avec des gémissements amicaux. Il lèche alors bien souvent les oreilles de son « partenaire » (entre guillemets, car ce dernier n’est pas toujours consentant).
Des bases génétiques ?
J’ai pu observer des chiens adultes issus d’une même portée, présenter des comportements de léchage supérieurs à la normale en fréquence et en intensité. Ce comportement est-il transmis en partie par la mère ? A-t-il une base génétique ? N’étant pas spécialisée dans la génétique canine, je me garderai de répondre catégoriquement à cette question. Mais si quelqu’un a d’autres exemples de « fratrie lécheuse », cela m’intéresse !
Je rappelle que l’éthologie n’est pas une science exacte, mais une interprétation des comportements des animaux. Les comportements sus-cités vous apporteront sûrement des éléments de réponse aux questions que vous pouvez vous poser sur le léchage chez le chien. Cependant, ils restent très délicats à interpréter en fonction du contexte dans lequel ils s’expriment. Ne déduisez rien à la hâte ! Le comportement canin est complexe .
Elsa Weiss / Cynopolis © Tous droits réservés - 2022
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